Funeral Doom Metal (Finlande)
Farmakon est un disque mortuaire qui se dévoile dans la noirceur des soirs d'automne (mais que j’ai aussi beaucoup écouté lors d’étés brûlants). Sa musique s'étend et semble prendre un véritable espace sonore, avant de s'éterniser dans le néant. Une nouvelle offrande qui permet aux Finlandais de Skepticism de donner au funeral doom ses lettres de noblesse.
Entre diverses harmonies ourdies par des orgues oppressantes, ‘The raven and the backward funeral’ nous plonge dans ses saisons en abysse, tandis que le second titre, ‘Shred of Light, Pinch of Endless’, le plus accessible de l’ensemble, se met en valeur grâce à ses claviers atmosphériques, mélodiques, proprement majestueux. Quant au quatrième morceau, sans titre, il nous interpelle, nous saisit : un hommage anonyme et dithyrambique au néant, tout en étant rythmé par une pulsation stressante qui s’accélère progressivement (cette dynamique m’évoquerait un peu Steve Reich parfois). Noir et haletant, un des titres les plus marquants du groupe. Farmakon se clôt sur l’ultime morceau, ‘Nothing’, qui, battu par ses percussions sèches et funéraires, offre un final céleste, appuyé par des nappes de claviers cérémonieuses.
Dans ce disque, il est bien question de généalogie musicale des profondeurs, en termes de son et de sens. La musique de Farmakon, monolithe sépulcral, renvoie à une image de la mort inévitablement spirituelle et dramatique. Tension, lenteur et gravité se mettent au service de compositions tourmentées, qui se cachent derrière une uniformité trompeuse pour mieux voiler leurs déchirures internes. Un exil noir, une traversée intérieure, dotée d’un véritable esprit équivoque prônant une forme de minimalisme extensif, et légitimant ainsi une place dans ce site.
Ancienne chronique, à l’origine très brève, datant de 2003 et modifiée en 2012.
Note : 5/6
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