![Neu!](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmdJKUVLJ28KlOY4B_KbxRR7SW3q2497Zei0sBO1XJcsK5XawONroZ6F-_Djc36St4FN7-eGu8YHevk4BwfC09GSj7MhJU3SdxCBD1tApK3bF6Wx78yU4PslD1C2CYOhDUa5lpVHzEM64/s1600/neu.jpg)
Krautrock (Allemagne)
Le premier album de Neu! est une nouveauté de taille pour cette année 1972. Klaus Dinger et Michael Rother ont déserté Kraftwerk, autre célèbre laboratoire de sons allemand, et ce disque est le fracassant résultat de leur collaboration, née en 1971. À l’aube du rock électronique, s’appuyant à la fois sur un héritage minimaliste et sur des racines progressives, préfigurant la musique industrielle, la cold/new wave, le post-rock… et même le futur Kraftwerk, Neu! donne de nouvelles lettres de noblesse au krautrock. Expérimental, minimal dans son approche, maximal dans son exécution, Neu! est un disque incontournable de l’époque. Et même au-delà.
Sous la houlette de Conrad Plank à la production, les différents titres de l’album sont autant de pièces novatrices, servant de canons esthétiques pour le genre, cosmiques et technologiques, mécaniques et planants. Des atmosphères, des panoramas magnétiques, dotés d’une forte prédominance rythmique, parfois répétitifs, frappant, assommant, martelant, pilonnant… avec une régularité métronomique et une précision froide, méticuleuse. L’atmosphère industrielle est également importante, reflet d’une société, de ses machines et de ses usines, mais devenant peut-être également une symbolique de l’état des œuvres artistiques, ballotées par un destin marketing. L’ensemble est très aéré, et présente un réel équilibre de sons et de bizarreries électroniques, enrichi d’échos, de boucles, de nappes, de riffs tendus.
Les titres ‘Hallogallo’ & ‘Negativland’, mythiques, mettent en place le fameux « motorik beat », pulsation machinale, hypnotique et entêtante. Le second nommé, davantage irrégulier, fractionné, met en place au départ cette salve de marteau piqueur, et ses autres bruits stridents, inquiétants, symbolisant bien une forme de désœuvrement moderne. Calé entres les aquatiques/plasmatiques ‘Im Glück’ et ‘Lieber Honig’ (ce dernier demeurant davantage léthargique, et bien plus faible que le reste), il constitue le cœur de la longue suite ‘Jahresübersicht’, remplissant toute la face B. Parmi les autres titres du disque, on note les vrombissements de ‘Sonderangebot’, aussi romantiques qu’un groupe électrogène et pas très loin du premier Kraftwerk, mais aussi la nonchalance océanique et contemplative de ‘Weissensee’, très réussi.
L’ensemble du disque est réellement attractif et équilibré, avec ce mélange parfaitement dosé d’expérimentation novatrice et de relative accessibilité. En avance sur son temps (concept, sons, production), Neu! tient dans ses mains un album d’importance, une œuvre organique et contemporaine. Une œuvre culte.
Note : 6/6
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