Fusion / Concept (U.S.A.)
Apostrophe continue sur la même lancée qu’Over-nite Sensation, avec une épine dorsale quasi identique, autour des Mothers deuxième version. La cohorte de musiciens qui soutient ce projet n’est d’ailleurs pas en reste, comptant sur les présences supplémentaires de Sugar Cane Harris (violon), Napoleon Murphy Brock (back-up vocals et sax), Aynsley Dunbar, Johnny Guerin et Jim Gordon (tour à tour aux fûts), ou encore Jack Bruce de Cream (basse) sur le morceau titre !
La priorité est donnée à la multitude de styles qui s’entrechoquent et on retrouve également l’impact de la narration, davantage appuyée, avec la forte complicité des instruments qui prennent part au récit en symbolisant de manière sonore ses différents événements. Pourtant, les thématiques habituelles sont délaissées et la satire sociale légèrement en retrait, au profit de l’histoire de Nanook l’eskimo (cf. le film de Robert Flaherty, 1922) et de Fido le chien (non sans un « humour » pas très finaud).
Véritable concept album dans lequel la symbolique musicale est reine, Apostrophe ressemble déjà à un aboutissement pour l’artiste. L’ensemble du disque, court d’une demi-heure, est très cohérent, les différentes scénettes-vignettes s’enchaînant à merveille. Les textures de sons, multiples, communiquent, se répondent, et font d’Apostrophe un voyage multi sensoriel en plusieurs dimensions. Cela est notamment flagrant sur ‘Nanook Rubs It’… Mais on ne saurait oublier les vertigineuses mélodies en escalier des percussions sur ‘St. Alfonzo’s Pancake Breakfast’, la puissance blues de ‘Cosmik Debris’, la rythmique hypnotique de ‘Excentrifugal Forz’, le jam d’‘Apostrophe’… Les styles sont une fois de plus multiples, mais on sent toujours cette patte Zappa authentique.
C’est vrai, à la toute première écoute, Apostrophe ne m’a pas du tout semblé accessible. Pourtant son format court et la façon dont les instruments charment l’auditeur dès les 3-4 premières écoutes en font un disque finalement bien peu récalcitrant. Il nécessite par ailleurs un investissement dont l’intensité s’évapore au fil des minutes, même s’il ne contient pas de morceaux proprement accrocheurs ou catchy de façon classique, comme ‘Peaches En Regalia’ par exemple. Au final, on parvient tout de même à s’« installer » au sein de morceaux en particulier. À mon humble avis, c’est sans doute un détour obligé pour comprendre Zappa, mais pas nécessairement le premier disque sur lequel se pencher pour découvrir l’artiste.
Note : 4,5/6
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