![Flying Colors](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinNAbH-Ylj29v2WK93Re0UMfTRrpOpPCfZvrHuS1h78dL-Xl6a4uSCxCwaSg74eZuR3xxj4xYV7N-jHFEiC1pWsLFvapeO5FtSvm2WtV-TAH3Ng7wMOrgeNuY9dj1Vcem8d91CWgtlfnk/s1600/flyingcolors.jpg)
Progressif (U.S.A.)
Flying Colors semblait une initiative plutôt encourageante. Le teaser avait attiré mon attention pour son énergie communicative et la qualité des quelques mélodies entrevues. C’est vrai, les projets parallèles sont souvent à trier sur le volet, mais là, j’avais envie de donner une chance au groupe. Et puis coup de chance, le disque n’était pas trop cher...
À vrai dire, le fait que Mike Portnoy tapait sur ses fûts pour l’occasion m’avait déjà poussé à m’intéresser à ce projet un peu « super groupe ». J’avais envie de savoir ce qu’il faisait de son temps libre après la rupture avec Dream Theater, en termes artistiques et humains : avec qui allait-il s’allier cette fois-ci pour s’adonner à la musique, à celle qui l’anime depuis toujours ?
Dans Flying Colors, Mike Portnoy n’est pas l’acteur unique. Déjà, Neal Morse use de sa voix et se positionne aux claviers, apportant son impact, son « expérience » mélodique. Dave LaRue est à la basse (Dixie Dregs, Planet X, Joe Satriani) et Casey MacPherson au chant…. D’ailleurs, le connaissez-vous ? Il est membre d’Alpha Rev, notamment armé du single ‘New Morning’… qui personnellement ne me dit rien (je vis peut-être dans une grotte). Et puis comment oublier Steve Morse (Dixie Dregs, Deep Purple), guitariste plein de panache ? En observant la complicité récréative que les musiciens semblaient ressentir, je me suis presque demandé si on n’allait pas éprouver quelques sensations fortes façon Purpendicular de Purple. Bon, je rêvais un peu, c’était une idée comme ça. Mais on ne sait jamais après tout.
Après avoir goûté à l’artwork très sobre et soigné de l’album, il me fallait passer à son écoute. En fait, j’avais déjà un peu triché ; quelques vidéos streaming sur YouTube m’avaient permis d’aborder deux fulgurances du disque…
En tête de peloton : ‘Kayla’, appliqué, énergétique et doté d’un refrain fédérateur. Et puis comment ne pas être conquis par sa section solo de toute beauté, tout à fait dans l’esprit prog, avec émotion et bravoure, sans lourdeur. Un titre accrocheur et héroïque, subtil mélange de légèreté dans l’exécution et de solidité dans l’écriture.
Le deuxième moment d’importance se nomme ‘Storm’. Là encore un vrai moment de songwriting, avec une vraie qualité mélodique, notamment dans le refrain. Une émotivité à fleur de peau, jamais sentimentale (quoiqu’à la limite), toujours efficace. Et encore une section middle à nous faire fondre. ‘The Storm’ est un très bon titre... Et avec ces deux morceaux situés vers le début du disque on commence sérieusement à croire en la suite.
C’est vrai, l’ouverture du disque, ‘Blue Ocean’, côtoie un peu le minimum syndical (à noter cependant quelques réflexes Genesis-ien dans son refrain) et ne restera vraiment pas dans les annales. Mais le morceau suivant, ‘Shoulda Coulda Woulda’, au titre un peu bêta, dégage tout de même une belle énergie (quoiqu’un peu lourde et limitée), et tient relativement la route dans sa structure. Au bout de quatre titres, le pari semble dans l’ensemble plutôt gagné.
Pourtant après : plus rien ou presque. J’hésite à garder certains côtés de ‘Forever In A Daze’, qui s’écoute bien, mais qui pèche par une écriture bas du front. J’hésite aussi pour la fin du dernier refrain de ‘Everything Changes’, mais la chanson pourra rebuter pour son côté très mielleux et sentimental, ses manières vocales, son intro faussement triomphale et son couplet un peu caricatural. Elle semble ne pouvoir s’écouter agréablement que si l’on est dans l’état d’esprit adéquat, au risque d’overdose. ‘Better Than Walking Away’ reste aussi très faible, à part un effort guitaristique sur le deuxième refrain. Mais vraiment, on est en droit d’attendre d’autres mélodies que celles-là…
Le reste n’est malheureusement pas loin d’être indéfendable. Mièvres, sirupeuses, ‘Love Is What I’m Waiting For’, et surtout ‘Fool In My Heart’, incroyablement kitsch, semblent faire capituler les plus indulgents. Ajoutons ‘All Falls Down’, pompeux et franchement pas intéressant, malgré le travail à la basse en trame de fond. Mélodiquement, ces trois titres sont difficilement supportables. Par ailleurs, ils remplissent principalement la seconde partie du disque, donnant l’impression d’avoir affaire à un disque qui bombe le torse au départ et s’essouffle ensuite.
Mais il ne faudrait pas oublier la toute fin : ‘Infinite Fire’ est le titre épique du disque, comme toute fin d’album prog qui se respecte. Des bonnes idées atmosphériques (les couplets notamment), parfois inspirée de Genesis et Yes, et on passe un très bon moment, pour faire semblant d’oublier les incartades passées. Les passages instrumentaux sont de bonne facture, bien que les vocaux soient un tantinet fatigants, et la structure est cohérente. Une respiration finale bienvenue, avec cette retenue qui manque un peu à l’ensemble des titres qui précède. Globalement du bon boulot en terrain bien connu et balisé.
Bref, si je ne regrette pas mon achat pour les trois moments intenses de l’album, je ne nie pas non plus ma déception, moi qui espérais voir davantage de belles choses et de belles couleurs dans ce disque très inégal. Et non pas des montagnes russes et des plans nous plongeant des années en arrière. En fait, les musiciens semblent avoir pris beaucoup de plaisir à jouer ensemble, peut-être moins aptes à en donner à leurs auditeurs de façon continue.
Note : 3,5/6
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