![The Soft Machine - Fifth](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4_vYhS5RJ2KtLbml-dV01NnHaj-3Imv57HES4Ie9tqOGZBvzY9ibqAGfoGOhU1wQlXdMX1geajZ5ZVxlKgIfrAwts0WZz09jD6NO6TtOHTg_e7dz0awXVPTM4p6dhFzl1bh-vOetIezw/s1600/soft_machine_fifth.jpg)
Jazz / Canterbury / Expérimental (Angleterre)
Il existe des disques froids. Ce genre de disques qui semblent avoir perdu de leur âme, tapis dans l’ombre, succédant aux œuvres majeures de leurs auteurs respectifs. Fifth est de cette trempe. Mais ne vous y trompez pas, Fifth regorge de véritables qualités, que ce soit dans le concept, l’écriture ou l’interprétation. La froideur, par le retournement des stigmates, devient une force, et non plus une faiblesse apparente.
C’est aussi avec Fifth, entre autres, que j’ai commencé à vraiment découvrir Soft Machine, intensément. Les bons souvenirs qu’il me laisse et le plaisir que j’ai à l’écouter font de ce disque une œuvre fétiche et symbolique. Du coup, je me permets de délaisser un tantinet l’objectivité dans la notation, en ajoutant un demi-point supplémentaire. Je pense néanmoins que le volume 2 et Third restent les travaux les plus impressionnants et les plus propices à une découverte du groupe.
Le line up est en tout cas une nouvelle fois malmené. Le précédent opus avait déjà scellé le départ de Robert Wyatt, parti fonder Matching Mole (prononcer « machine molle »…) Il fut remplacé aux fûts par Phil Howard (première face du disque) puis par John Marshall (seconde face du disque). Elton Dean se montre quant à lui bien plus esseulé, n’ayant pas une section de cuivres pour enrichir la liberté de son jeu au saxophone alto. Fifth sera d’ailleurs le dernier disque avant son départ… Enfin, le groupe peut compter une fois encore sur Roy Babbington à la contrebasse (sur ‘As If’ et ‘Bone’).
Fifth aborde ainsi une nouvelle identité. À la suite de Fourth qui avait assuré la colonisation jazz sur le prog psyché d’antan, Fifth dévoile des expérimentations malignes, insérées dans un jazz sobre et sérieux, où toute la chaleur cuivrée de Fourth semble avoir été évacuée. Les notes de clavier égrenées donne au disque une atmosphère très particulière, retro et arty, à mi-chemin entre l’envoûtement et le cocooning.
Parmi les meilleurs moments… un peu tous en fait : l’entrée en matière d’‘All White’, obscure, énigmatique… les claviers de ‘Drop’, les grincements d’‘As If’, les expériences de ‘M.C.’, le solo de batterie de John Marshall de ‘LBO’… et puis évidemment l’emblématique et magnifique ‘Pigling Bland’, mélodique et crépusculaire… Enfin, le disque se termine avec le discret et sibyllin ‘Bone’ (rappelant l’ouverture de l’album), et ses sifflements lointains me rappelant les chants d’oiseaux de lendemains matins. Assurément, Fifth est un réel travail autour des textures mais aussi sur les atmosphères.
Outre sa portée symbolique toute personnelle, vous l'aurez compris, ce cinquième volet de l'aventure Soft Machine n'est pas avare en qualité, malgré la relative discrétion dont il fait l'objet. Carré et propre sur lui, Fifth est un disque austère, intransigeant et inflexible, mais qui reste suffisamment expérimental et intelligent pour retenir moult secrets, d’une noire beauté.
Note : 5,5/6
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