lundi 19 mars 2012

THE BYRDS Turn! Turn! Turn! (1965)

The Byrds - Turn! Turn! Turn!
Folk Rock (U.S.A.)


Sorti en décembre 1965, le deuxième album des Byrds reste marqué par quelques difficultés. Indépendamment des critiques reçues autour de leurs prestations live, le groupe connaît plusieurs tensions internes. D’une part, David Crosby redoute un complot McGuinn/Melcher (producteur) qui mettrait à l’écart ses compos (3 chansons furent rejetées). D’autre part, Gene Clark, faute de son succès en songwriter, se sent davantage isolé du reste du groupe. Turn! Turn! Turn! sera d’ailleurs le dernier album sous sa présence, jusqu’en 1973 (avec l’album Byrds).

Pourtant le disque se permet encore quelques challenges. Par exemple, mettre en musique un texte puissant et spirituel : avec le morceau ‘Turn! Turn! Turn!’, cela marche à merveille. Une nouvelle reprise de Pete Seeger, contenant la lumière des paroles de l’Ecclésiaste 3:1-8, et pour laquelle Jim McGuinn fait valoir sa qualité d’arrangeur. C’est d’ailleurs lui qui travaille sur ‘He Was A Friend Of Mine’, plutôt réussi. Il s’agit cette fois d’un traditionnel que McGuinn a affublé de nouvelles paroles dédiées à JFK. Enfin, on le note à l’origine de deux autres chansons : ‘It Won’t Be Wrong’, écrit avec Harvey Gerst (une connaissance folk), titre assez tenace mais un poil surfait au niveau des vocaux ; et ‘Wait and See’, cosigné par David Crosby, morceau légèrement discordant que le refrain tente de faire décoller.

Concernant les morceaux de Gene Clark, le rayonnant ‘If You’re Gone’ est la réussite principale de l’opus. Sans faire partie du panthéon du groupe, ‘The World Turns All Around Her’ et ‘Set You Free This Time’ (malgré un refrain tout de même un peu poussif) dévoilent très bien la personnalité de son écriture, vivante, élégante et appliquée. Pour les morceaux mis de côté, ‘She Don’t Care About Time’ laisse place à un curieux interlude rappelant Jésus que ma joie demeure (de Bach), et ‘The Day Walk (Never Before)’ garde parfois l’allure d’un ‘Satisfaction’ (des Rolling Stones) en version folk rock adouci.

Fidèles à leurs habitudes, les Byrds se permettent également des reprises de Dylan. Si j’apprécie l’original de ‘Lay Down your Weary Tune’, à la simplicité brute et intime, je ne trouve pas que leur version le mette à l’honneur. Si Dylan lui-même semble s’en être plus que satisfait, je la trouve un peu pompeuse, cérémonielle, et finalement assez hors du coup. L’autre reprise, ‘The Times They Are A-Changing’ reste davantage efficace, comme l’une des principales réussites de l’album. Les deux originaux se retrouvent dans l’album de Dylan du même nom. Enfin, je passerai sur les deux autres reprises, qui n’ont d’ailleurs rien à voir avec le Zimm’ : leur agaçante version de ‘Oh! Susannah’ (de Stephen Foster), et ‘Satisfied Mind’ (classique signé Red Hayes / Jack Rhodes), relativement plaisant, mais qui apporte au final assez peu au disque.

Ainsi, Turn! Turn! Turn! demeure dans l’ensemble moins percutant et plus inégal que Mr. Tambourine Man. Aussi irritant qu’attachant, Il se tapit dès lors dans l’ombre de son prédécesseur, n’ayant pas non plus son impact historique. Cela étant, il assure néanmoins la crédibilité des Byrds et leur réputation, et leur offre un succès commercial. En attendant leur première métamorphose, vers le psychédélisme.

Note : 4/6

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