Progressif Italien / Canterbury
Comme quoi, la scène de Canterbury n’est pas figée dans le temps et dans l’espace ; nous sommes ici en Italie, en 1976. Dans cet album les musiciens se promènent sur les routes déjà tracées par Soft Machine et Hatfield and the North, celles qui nous mènent vers un univers énigmatique où se côtoient jazz téméraire et ambiances soyeuses.
Le disque est en effet un véritable générateur d’atmosphères nous transcendant par l'éclat de leur lumière (‘Merta’, magnifique introduction). On se sent capable de traverser, de transpercer le temps, et de ressentir une forme de nostalgie rayonnante grâce à cette musique dans laquelle l’avenir semble parfois décapité (‘Napier’), et qui pourrait habiller ces moments si particuliers de solitude absolue (‘Off’).
Ces huit morceaux sont les clefs nous ouvrant la voie d'une oeuvre romantique, élégante et perturbante, à mi-chemin entre la chaleur du jazz (‘Cocomelastico’) et la froideur blanche d’expérimentations légèrement avant-gardistes et carrément psychédéliques (‘Seppia’). Les claviers et les cuivres, éblouissants, obtiennent une place de choix et nous guident dans nos réflexions autour de ces morceaux étincelants (‘La Bolla’).
Mais nos prophètes de Picchio dal Pozzo qui se font les témoins exemplaires du style Canterbury ont dédié leur œuvre à Roberto Viatti. Qui est donc ce personnage ? S’agit-il d’un maître à penser ? D’un guide ? D’un gourou ? Roberto Viatto n’est rien d’autre que Robert Wyatt, cette figure si importante pour le progressif et la musique en général. Cet album devient alors un témoignage, un testament, une réécriture du Canterbury dans sa propre langue, mais avec une chaleur, un recul, qui ne semblent correspondre à rien d’autre qu’à une profonde maturité.
Note : 6/6
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