vendredi 28 juillet 2006

Jean-Michel JARRE Oxygène (1976)

Jean-Michel Jarre - Oxygène
Musique électronique (France)


Pour beaucoup, Jean-Michel Jarre c’est un peu le gars qui fait de la musique d’ascenseur, ou de celle qu’on entendrait dans la salle d’attente du dentiste. Paraît-il. Cependant, Jarre a réussi à populariser l’électronique (certes il n’est pas le seul), et certaines de ses œuvres n’en demeurent pas moins de qualité.

Il est vrai, de l’autre côté du Rhin, de nombreux groupes avaient déjà plus ou moins mis à plat ce genre de musique. Je pense notamment à Tangerine Dream. De plus ces groupes allemands en étaient à leur deuxième phase : ils avaient déjà produit plusieurs disques de psyché cosmique qui ont fait date avant de s’adonner à une musique plus ambiante et académique… plus plate diront les puristes.

Ainsi, Jarre aurait un train de retard sur des groupes allemands qui eux-mêmes auraient déjà ourdi des œuvres plus révolutionnaires ? Deux trains de retard alors ? Ce serait peut-être comparer l’incomparable. Ce disque de Jarre comme ceux de Tangerine Dream sont très personnels et il n’est pas aisé de savoir lequel est le plus en avance dans le temps, selon le critère que l’on choisit. Quand je dis « personnel » pour Jarre c’est aussi en référence à son influence classique et à son jeu très mesuré, pour ce disque tout du moins.

Une chose est sûre à mon goût, les disques allemands ont mieux vielli que ceux de Jarre. J’ajouterais peut-être qu'Oxygène de Jarre est plus important dans l’histoire de la musique « pop », que dans l’histoire de la musique tout court. S’il a ouvert la voie il ne l’a sans doute ouverte qu’à un seul type de musique électronique, plus accessible.

Ceci dit, le disque de Jarre n’est pas déplaisant. Sa face A ressemble un peu à un grand souffle d’air frais. Oxygène est une longue respiration musicale décomposée en six parties. Une sorte de puzzle musical en fait. Si les paysages sonores du Français ont peut-être tout à envier de ceux de Tangerine Dream, ‘Oxygène II’ apparait pourtant comme un très grand morceau atmosphérique, aérien et polaire. C’est le grand moment du disque, et les deux sections qui l’encadrent ne sont pas en reste.

La face B apparaît en revanche beaucoup moins prenante. Elle commence par ‘Oxygène IV’, le tube que tout le monde connaît… vous savez la vidéo avec les pingouins… pas du grand art, non… Le long ‘Oxygène V’ se divise quant à lui en deux parties, une section calme et une section plus entraînante, dopée par une rythmique ronde et glacée. Ce morceau reste tout de même assez moyen. Si le disque se finit de manière plus que correcte avec ‘Oxygène VI’, la face B ne tient donc pas trop la comparaison avec la première.

Jarre a donc poussé son travail musical vers moins de minimalisme, d’abstraction, d’expérimental, et vers plus de mélodie. Son habileté fut récompensée par un très grand succès et son projet fut donc réussi. Aujourd’hui encore Oxygène reste un classique même si la comparaison avec ce qui se faisait outre-Rhin à l’époque pourrait lui porter préjudice. Il faut donc le prendre comme il est : un disque pour populariser la musique électronique. Mais reste à savoir si ce projet est en lui-même vraiment ambitieux, mais ça, comme nous l'avons dit, c’est un autre débat.

Note : 4/6

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