mardi 4 juillet 2006

CAN Soundtracks (1971)

Can - Soundtracks
Krautrock (Allemagne)


Les Soundtracks, composés de musiques de films, constituent avec Delay 1968 (autre compilation mais sortie en 81) et Monster Movie les prémisses de la grande et géniale trilogie qui va suivre : Tago Mago - Ege Bamyasi - Future Days. Même si les deux parties du titre ‘Deadlock’ lui donne un léger côté conceptuel, le disque n'est pas très homogène, jonglant non seulement avec les voix de Malcolm Mooney et de Damo Suzuki (qui intègre le groupe), mais aussi avec des compositions aux atmosphères très différentes : des morceaux très mélodiques comme ‘Tango Whiskeyman’ et ‘She brings the rain’ ; les deux sections de ‘Deadlock’, composition froide et lumineuse ; ‘Don't turn the light on, leave me alone’, ‘Soul Desert’, et l’excellent ‘Mother Sky’, tours de magie rythmique que seul Can sait produire. C’est surtout ce dernier morceau qui attire l’attention et qui donne tout l’intérêt au disque. Il s’agit d’un jam diabolique et dantesque vraiment très réussi, mettant en scène une des plus grandes sections rythmiques du siècle. Le groupe montre ses atouts : les rythmes post jazz et crypto-tribaux de Liebezeit, la basse hypnotique de Czukay serpentant entre la voix de Suzuki et la guitare de Karoli, les atmosphères froides, mystérieuses et extra-terrestres… ‘Mother sky’, le point fort indiscutable de la compilation, rejoint ainsi ‘You doo right’ dans la collection des morceaux marathoniens de Can. Concernant les deux chanteurs, la performance de Suzuki prend le dessus sur celle de Mooney, qui conserve les mêmes défauts que sur Monster Movie. Ainsi, un peu comme Delay 1968, Soundtracks est un disque de qualité, mais surtout un disque d'acrobate, de jongleur, allant un peu dans tous les sens. Il lui manque à mon goût un caractère plus fascinant, de manière notamment à accrocher de façon plus insistante l'auditeur. Le disque tarde un peu à l'attirer dans ses filets et à le conduire dans son monde. Pour découvrir Can, je conseillerais de passer directement aux choses sérieuses, avec la trilogie qui va suivre, et surtout, avec une écoute patiente et posée. Autant commencer en s'introduisant de plein pied dans la magie brute et agréablement insaisissable des meilleurs albums de Can.

Note : 4/6

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